Les communes du Gâtinais découvrent leur vraie nature grâce aux inventaires de la biodiversité
République du Centre - Publié le 08/02/2021 -
Jean-Baptiste Dos Ramos
« La biodiversité, c’est notre oxygène, notre nourriture. C’est notre assurance-vie », martèle Marie-des-Neiges de Bellefroid, de Loiret Nature Environnement.
L’association, qui œuvre dans la protection de la nature, a déjà réalisé une vingtaine d’inventaires de la biodiversité communale (IBC) dans le Loiret.
Qu'est-ce qu'un inventaire de biodiversité communale ?
Un IBC, c'est une démarche qui permet de recenser le patrimoine naturel, végétal ou animal, d’une commune, afin d’orienter les politiques municipales en matière d’entretien et de préservation des espaces, et plus généralement, d’aménagement du territoire. C'est souvent un préalable à un plan local d'urbanisme
De plus en plus de communes du Montargois s'y mettent
Et visiblement, le message se diffuse lentement mais sûrement dans les esprits des élus. « Dans le Gâtinais, il y a un certain dynamisme, puisque Courtenay, Saint-Germain-des-Prés, Aillant-sur-Milleron/Le Charme, Pannes s’y sont mis, Châlette et Amilly aussi », note l’animatrice-naturaliste.
Montargis a été pionnière sur le territoire, dès 2017 : « Le but, c’était de savoir ce qu’on avait sur le territoire, quels étaient les dangers, les équilibres à préserver. On en tient compte quand on planifie les choses, pour savoir quel impact qu’elles vont avoir. La biodiversité, c’est notre patrimoine, c’est notre histoire », estime le maire Benoit Digeon. « Et elle s’est encore enrichie avec l’arrête des pesticides et la renaturation du Loing ».
Deux insectes inédits dans la région recensés à Montargis
Dans ce milieu très urbanisé, 600 espèces avaient été recensées dans un temps assez court, dont deux insectes jamais observés auparavant dans la région Centre-Val de Loire. Sans oublierquelques espèces invasives à placer sous surveillance.
Trouver l'équilibre entre urbanisation et préservation de la nature
L’enjeu de l’IBC est de guider les communes dans l’équilibre à trouver entre interventionnisme et laisser-faire, entre espaces fauchés et friches, entre zones urbanisées et naturelles.
« On agit sur trois piliers : la connaissance, par l’inventaire, la sensibilisation (des élus, des services techniques, des habitants), et l’assistance », poursuit Marie-des-Neiges de Bellefroid.
Une fois l'inventaire réalisé, des fiches d'actions sont établies
Exemple à Montargis, dans la zone dite du pont Saint-Roch, où l’objectif fixé par Loiret nature environnement est de concilier développement urbain et biodiversité. Les préconisations : « Créer des zones de non-intervention, maintenir des berges arborées, arracher les herbes invasives, et assurer le fonctionnement de la mare. »
Des indications non-contraignantes, évidemment : « On ne va pas contrôler. Mais les communes ont envie de changer les pratiques.
Les phénomènes climatiques brutaux ont peut-être fait évoluer les mentalités
« Même s’il y a de l’inertie, et qu’il faut trois ou quatre ans pour que ça se mette en place, on sent que ça bouge », note la naturaliste.
Faut-il voir dans cette évolution des mentalités un effet des catastrophes climatiques de moins en moins exceptionnelles, comme les inondations de 2016 ? « On prend peut-être conscience de l’importance d’avoir des sols riches en humus, qui jouent un rôle d’éponge, de zones humides préservées, plutôt que de l’eau qui glisse sur l’asphalte », glisse Marie-des-Neiges de Bellefroid.
La Trame verte et bleue. Ce dispositif de protection de la nature est issu du Grenelle de l’Environnement. Selon le ministère de la Transition écologique, la Trame verte et bleue vise à enrayer la perte de biodiversité, en préservant et en restaurant des réseaux de milieux naturels, aquatiques et terrestres, qui permettent aux espèces de circuler et d’interagir. Ces réseaux d’échanges, appelés "continuités écologiques", sont constitués de réservoirs de biodiversité reliés les uns aux autres par des corridors écologiques.
Les Régions sont chargées de promouvoir la trame verte et bleue à travers le Schéma de cohérence écologique, et de s’assurer de sa prise en compte dans les documents d’urbanisme.
Jean-Baptiste Dos Ramos